Interview de Caroline Maurin

1. Peux-tu te présenter brièvement (nom, prénom, nationalité, formation, caviste depuis quand et où ?)
Je m’appelle Caroline Maurin. Je suis franco-brésilienne et je suis née au Brésil. J’ai un diplôme de sommelière internationale de l’École de Gastronomie de Caxias do Sul (UCS) et également un diplôme commercial en vins et spiritueux de l’IUT de Tours.
Depuis juin 2020, nous avons créé – avec mon associé et époux – la société Adegas Wine. Cinq mois après, en plein confinement, nous avons ouvert notre première boutique « Adegas et Terroirs » à Nice et depuis 2021, nous possédons aussi une deuxième boutique « La Cave de Vence » à Vence, dans la région des Alpes Maritimes.

2. Comment est née cette vocation ?
Française par filiation, nous avons toujours subi, mon frère et moi, l’influence des deux cultures dans notre vie de tous les jours. Mon père, originaire de la région du Bassin d’Arcachon, nous a toujours inculqué la culture française par le biais de la gastronomie, de l’histoire et bien sûr, du vin.
Au cours de mes études supérieures en Sciences Économiques au Brésil, travailler dans le vin ne faisait pas du tout partie de mes projets. A l’époque, je ne savais même pas que des études liées au commerce du vin étaient envisageables. Sous les Tropiques, et dans ma jeunesse, la culture de vin était surtout partie prenante de la production.
C’est pendant mon master en Sciences Politiques à Paris, en 2013, que j’ai eu l’occasion de faire un stage chez un caviste dans le 6ème. Il était essentiellement spécialisé dans la vente des vins de Bourgogne et Bordeaux. Avec son vendeur, ils m’ont formé à la dégustation des vins et à la notion de terroir. Chaque semaine ils me faisaient déguster un vin à l’aveuglette et me demandaient d’exprimer ce que j’éprouvais en buvant. Ils m’avaient assuré que le jour où ils enlèveraient la chaussette de la bouteille, c’est que j’aurais tout compris sur le monde du vin.
Je n’oublierai l’émotion que j’ai ressenti le jour où ils ont ôté cette fameuse chaussette et ont dévoilé l’étiquette du vin.
A partir de ce moment-là, j’ai tout bouleversé dans ma vie. J’ai mis fin à ma première année de master et je me suis reconvertie dans le monde du vin.

3. Qu’est-ce qui te plait le plus dans ce métier ?
Le monde du vin est un monde où quand on croit avoir tout compris, tout dégusté et tout vu, il y a toujours quelqu’un qui t’apporte quelque chose de nouveau. Ce qui me séduit dans ce métier, c’est que on ne sait jamais tout ? C’est un métier vivant et en constante évolution, que ce soit à cause du réchauffement climatique, ou parce que l’agriculture biologique prend de l’ampleur ou bien encore parce qu’un vigneron a vu quelqu’un d’autre faire du vin différemment et que lui aussi a décidé de changer sa méthode.
Nombreux sont les facteurs qui font que le métier du vin reste un métier de femmes et d’hommes qui travaillent soit dans les vignes, soit dans le processus de vinification, soit en tant que distributeur auprès des cavistes et jusqu’au service en salle de restaurant.
La bouteille consommée au bout de cette longue chaîne est celle qui a été imaginée quand le vin était encore sous forme de raisin. Et c’est cela qui est magique !

4. Pourquoi tu candidates au concours et comment tu t’y prépares ?
Après que plusieurs clients m’aient assuré avoir changé de métier grâce à la passion que j’ai réussi à transmettre lors des dégustations dans notre boutique, je me suis dit que participer à un concours pourrait consolider encore plus le savoir-faire de notre marque. Pour la préparation, je pars des bases, je revois tous mes vins en boutique, je m’informe sur ce qui se passe actuellement dans le monde du vin et je révise mes cours de l’époque de l’université. Je profite d’ailleurs de toutes ces informations pour rédiger un manuel dédié aux ateliers de dégustation de notre clientèle.

5. Peux-tu nous raconter une histoire drôle avec un client dans ta boutique ?
Il y en a une en particulier qui est assez marrante. C’était le printemps, il faisait un peu chaud dehors et une dame est entrée seule pour acheter une bouteille de liqueur d’orange mais elle craignait que son mari – qui avait arrêté de boire pour des raisons de santé – ne résiste pas à la tentation et se remette à boire.
Je lui ai dit que si elle ne voulait pas qu’il consomme de l’alcool, nous avions des bières et du vin sans alcool qui pourraient être une alternative à la liqueur. Quelques minutes plus tard, le mari est lui aussi rentré dans la boutique et sa femme, face au rayon de vins sans alcool, lui dit, l’ air de rien : « Tiens c’est un cadeau pour toi, puisque c’est notre anniversaire de mariage, je te laisse choisir ton vin ».
Le monsieur n’avait pas prêté attention au fait que le vin était sans alcool et sa femme me faisait signe en cachette de ne rien dire. Monsieur a finalement choisi sa bouteille, qu’il a décidé d’offrir à sa femme pour qu’ils puissent la déguster ensemble avec des fraises.
Résultat, la dame est partie en rigolant, toute contente avec sa bouteille du vin sans alcool et son mari tout heureux d’avoir le droit de boire du vin pour cette occasion spéciale !

6. Peux-tu nous donner quelques petits tuyaux sympas pour un client lambda qui pousse la porte d’un caviste pour la première fois ?
Un client qui pousse la porte d’un caviste cherche généralement un conseil.
Il faut donc réussir à saisir les besoins de son client en moins de 3 questions – ce qu’il cherche, s’il s’agit d’un cadeau ou si c’est un vin pour un repas spécifique, une occasion particulière, etc… – afin pouvoir conseiller judicieusement le client et que celui-ci reparte conquis par le vin et votre service.
Si le client ne souhaite pas de conseil de son caviste et qu’il veut, tout seul, parcourir les rayons il faut alors que le caviste l’accueille chaleureusement, lui présente la boutique, comment les bouteilles sont rangées, quelles sont les régions qu’il travaille et que vous restez à sa disposition si le client a besoin de renseignements.

7. Enfin, comment vois-tu l’avenir dans 5 ou 10 ans ?
Dans 5 ans, j’espère avoir consolidé notre marque Adegas en France avec d’autres boutiques dans les grandes villes de France (Paris, Lyon, Bordeaux…). Et dans 10 ans je souhaite que notre marque Adegas devienne une franchise.

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