Le Mot du caviste

« C’est comme la mer sans les vagues, c’est comme les vagues sans l’écume, c’est comme l’écume sans le sel, c’est comme le sel sans le poivre… » chantaient les Inconnus. Certes, leur chanson parodique ne parlait pas d’un whisky sans alcool.

Parlons donc d’alcool. Parlons même de spiritualité ! Une mode venue d’outre-Atlantique encourage à consommer de traditionnels spiritueux auxquels l’alcool aurait été ôté. Soit ! Pourquoi pas ?

A vrai dire nous n’avons rien contre les alcools… sans alcool. L’Homme est ici-bas, aussi pour découvrir, apprendre et créer.

Donc pourquoi ne pas innover et inventer ?

Cependant, il doit y avoir un certain respect pour les savoir-faire du passé. Pour la nature des choses. Et pour la valeur des mots. Bref, il faut des règles !

L’industriel, commercialisant un spiritueux ou toute autres boissons desquelles serait retiré l’alcool, devrait se voir interdire d’appeler ce breuvage de gin, vin ou bière. La distillation et la fermentation ont amené à la création des alcools de table. Entrainant un certain art de vivre !

L’innovation ne doit pas être synonyme de destruction ou de spoliation. Il y a des us et coutumes à respecter. C’est là un point essentiel. Que va-t-on chercher dans le whisky ? Des céréales ou la spiritualité qui émane de ces graminées ? Un whisky est un spiritueux. Un spiritueux contient de l’alcool. Un point, c’est tout !

Le nom donné à cet oxymore est de plus d’un anglicisme affligeant : « no alcohol, low alcohol« . L’acronyme est  Nolo. Molière, François Vatel, Arnaud de Villeneuve, si de là-haut vous nous lisez, intercédez auprès du Bon Dieu pour qu’Il secoue un peu ces urbains prétendants pouvoir changer la nature des choses…

Ne soyons pas hypocrite !

Lorsque Rimbaud buvait un verre, il cherchait l’influence rêveuse amenée par les effluves divins de l’alcool. L’alcool donne le courage, console, fait aimer, crée des liens. Evidemment, toute proportion gardée.

Ce besoin de consommer des produits idéologiques et sans danger émane du progressisme. Il s’agit d’une maladie urbaine. Changer la nature des choses, c’est changer la vérité. Vouloir tout lisser, c’est refuser de vivre. Un digestif sans alcool ou un steak sans viande, cela n’existe pas. Cela découle d’esprits souffrants !

Certains groupes d’antispécisme, bien souvent hystériques, pointent régulièrement du doigt des PME familiales de production ou de commerce dans l’alimentaire. Tandis qu’ils ne pipent mot sur le veau d’or des Nouveaux Fermiers de Xavier Niel. Ou sur les produits venant d’usine de l’autre bout du monde. Il est flagrant de constater que le progressisme s’accommode parfaitement à la société consumériste.

En quelque sorte, cet esprit soixante-huitard de « déconstruction », ici avec les spiritueux sans alcool, permet la mondialisation. Dénoncer une petite distillerie familiale, fabriquant un alcool traditionnel, c’est permettre aux géants de la consommation de la remplacer. La remplacer grâce aux produits standardisés et labélisés conformes par ces trublions hygiénistes. Le progressisme est une face. Le consumérisme en est l’autre face. Tous deux forment la même médaille. Leur financement vient des mêmes banques.

L’on vit dans une société bien fade !

La soumission fait partie des obligations pour ne pas porter atteinte aux sacro-saintes « valeurs ». Le politiquement correct est la règle ! Nous devons nous soumettre aux injonctions des buveurs de lait de soja. Aux mangeurs de steaks végétaux et aux faiseurs de vin sans alcool.

Eh bien non ! Les noms communs doivent être protégés. Grand bien leur fasse de consommer ce qu’ils souhaitent, mais qu’ils ne viennent pas toucher à notre patrimoine gastronomique.

Le steak vient d’un bœuf. Il se mange saignant. Il s’accompagne de frites. Il se déguste avec un verre de vin rouge de Roussillon à 14°.

Nous en sommes à un point où tout ce qui est normal devient une anomalie. Imaginez qu’Hergé créa le personnage du capitaine Haddock aujourd’hui. Le capitaine buvant une tisane, puis brandissant un livre de Rudolf Steiner pour imiter son aïeule bravant des pirates enivrés de… lait de soja. Cela aurait à n’en pas douter moins de charme que la version d’époque.

Steve FORTEL – Administrateur du SCP, Président de Vincoeur Catalan

Une dédicace de la France libre à la France moraliste :

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