Un observatoire des transports pour les cavistes

Le développement des livraisons à domicile proposé par les acteurs du net a bouleversé les modes d’achat. L’uberisation de l’économie qui en découle rebat en effet les cartes. Au point d’en devenir le principal enjeu de la concurrence qui oppose actuellement les géants du digital, et plus généralement qui redessine les relations entre circuits physiques et virtuels (voir les premières analyses Impact du digital sur les cavistes sur le site professionnel , rubrique Actualités syndicales).

C’est dire l’importance de la relation à établir avec ces partenaires qui finalement, prolongent l’action du commerçant en accompagnant le produit jusqu’au consommateur final.

Les transporteurs passent en moyenne 3 fois par semaine chez le caviste

De fait, le recours à des sociétés de transport spécialisées fait déjà partie du quotidien des cavistes puisque selon les réponses faites aux enquêtrices d’Equonoxe par les 721 cavistes ayant participé à cette enquête en 2018, le caviste y a recours en moyenne 154 fois dans l’année, hors flotte interne, c’est-à-dire environ 3 fois par semaine.

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Le recours à ces prestataires est destiné 8 fois sur 10 à l’approvisionnement.

Le caviste est en effet surtout lui-même affréteur, afin de réceptionner les marchandises commandées auprès de ses fournisseurs et ce plus de 2 fois par semaine en moyenne.

Le Caviste acteur du dernier kilomètre parcouru

Du coup, l’enquête révèle que les cavistes n’ont recours que dans 20% des cas à des sociétés de livraisons vers la clientèle. Et encore, dans cette clientèle figure aussi les clients professionnels, restaurants, entreprises, etc.

Un usage donc très limité de ces professionnels de la messagerie de la part des cavistes, qui assurent sans doute eux-mêmes ce type de « service » apporté à leur clientèle. Mais en apprécient t’ils toute l’importance ? Et pour quel coût ?

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Géodis, Calberson, Schenker Joyau et Transvallee

788 cavistes ont bien voulu nous citer les 3 dernières sociétés avec lesquelles ils avaient travaillé (enquête Equonoxe 2018, réalisée entre mars et juillet), que ce soit en tant qu’affréteur ou pour livrer à leurs clientèles.

En réception, la société la plus couramment citée par les cavistes est Geodis et ce quel que soit les formats, bouteilles, cartons, palettes voire au fut, même si sur ce segment c’est finalement Calberson qui, présente aussi dans le trio de tête des sociétés les plus souvent citées par les cavistes, est de loin la plus citée.

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Ces deux sociétés semblent d’ailleurs parfaitement répondre aux attentes des cavistes qui les ont citées, si l’on en croit les notes reçues lors de leur évaluation.

La qualité du transport des petits contenants à améliorer ?

Pour les livraisons faites au carton, les sociétés de messagerie type France Express, UPS, DHL jouent leur carte.

Les cavistes ont été interrogés aussi sur l’acheminement des commandes reçues par palette. Ce sont alors les prestations postales type Colissimo ou Chronopost qui recueillent le plus d’avis de cavistes.
Mais leurs retours d’expérience des cavistes sont assez nuancés et de vraies différences selon les entreprises évoquées.

Des prestations très différentes selon les conditionnements

Des notations ont été établies par les cavistes afin d’évaluer (sur des échelles de 1 à 5) leur retour d’expériences quant à leur Qualité, à la Rapidité, au prix de ces prestations pour aboutir au final à un bilan global pour chacune des trois dernières fois qu’ils ont eu recours à une société de transport.

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Si les cavistes sont globalement satisfait des prestations d’acheminement de vins ou liquides conditionnées à la bouteille (avec des notes globales toujours supérieurs à 4 sur 5 en bilan général), les constats sont plus nuancés dès lors que ces transports ont été négociés au carton.

La plupart des sociétés citées sont jugées performantes mais quelques-unes, comme Logivin, GLS ou UPS, obtiennent des notes moins enthousiastes, entre 3,5 et 4 sur5.

Et les retours sont même plus sévères parfois dès lors qu’on passe à la palette, des services postaux ou de messagerie étant même parfois notés moins de 3, c’est-à-dire bien loin des satisfactions adressées aux sociétés Mazet, Calberson ou Veynat qui restent très bien notées sur ce type de format également.

Insuffisance des sociétés de messageries traditionnelles ?

En matière de livraison, un service qui, uberisation de l’économie oblige, est amené à se développer ou en tous cas à faire la différence entre les différentes formes de commerce, les cavistes privilégient les services postaux classiques, type Colissimo (La Poste) ou Chronopost. Ils notent assez sévèrement ces prestations, que ce soit à la bouteille, au carton voire à la palette (rare).

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Ce nouvel outil proposé aux cavistes est disponible dans les pages d’études destinées aux adhérents du Syndicat des Cavistes Professionnels sur le site professionnel des cavistes www.cavistesprofessionnels.fr/pro.

Il permet de prendre connaissance des retours d’expérience faits par les confrères et consoeurs et de muscler les négociations avec ces prestataires qui parfois peuvent oublier ce qui fait pourtant leur raison d’être : sécurité, efficacité, qualité.Des résultats complémentaires par régions sont disponibles sur demande à scp@cavistesprofessionnels.fr

La livraison ultime, réel service additionnel porteur d’avenir ou fuite en avant ?

Lle sujet du transport et de son coût deviennent des sujets crispants, car effectivement majeurs pour envisager un modèle adapté au changement climatique. Alors quel avenir pour ces nouveaux services ?

L’actualité force en effet à prendre de la hauteur.

A quel monde cherche-t-on à adapter nos formes de vente et contre quelles concurrences ? Alors que l’époque contemporaine est à la conquête du dernier kilomètre avant client final, quelle importance aura du coup vraiment cette finalisation de l’acte d’achat dans les prochaines années ?

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Il revient à chacun de s’interroger sur l’impact sociétal du développement de ces services.

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L’uberisation de l’économie est déjà dénoncée comme fragilisant le modèle social français. Les attentes sont en effet paradoxales. Si la livraison au consommateur devient LE critère d’achat, c’est soit parce que le consommateur est prêt à en payer le prix, soit parce que les guerres concurrentielles qui se joueront sur ce critère auront à nouveau omis de calculer le vrai coût du service rendu. Que ce soit en termes social (gisement de main d’œuvre corvéable à merci et très peu payée) ou de bilan carbone.

Quels critères feront vraiment la différence à terme ? Qualité. Efficacité. Valeurs. Respect du produit… Et quelle(s) image(s) pour le caviste ? A chacun de contribuer à la dessiner…

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